Description et rôle de l’immunité humorale dans les maladies fibrosantes systémiques

Responsable : David Launay

Workpackage : WP3

A. Rôle des lymphocytes B

Les cellules de l’immunité innée et adaptative jouent un rôle central dans la fibrogénèse des maladies inflammatoires. Si de nombreuses études se sont focalisées sur le rôle du lymphocyte T, plusieurs éléments sont venus éclairer le rôle important des lymphocytes B tels par exemple une augmentation relative des lymphocytes B naifs circulants et une diminution parallèle des lymphocytes B mémoires au cours de la sclérodermie systémique, la présence au cours de la sclérodermie et de la GVH chronique d’une hypergammaglobulinémie polyclonale, d’une augmentation de la concentration sérique en BAFF, une corrélation entre les marqueurs d’activité lymphocytaire B et la sévérité de la sclérodermie systémique, la production d’interleukine 6 et de TGF bêta par les lymphocytes B activés, favorisant la production de collagène par les fibroblastes du derme et de l’amélioration clinique, à la fois cutanée et également viscérale, liée au traitement immunosuppresseur ciblant le lymphocyte B, à la fois dans la sclérodermie et dans la GVH chronique.
Or, le lymphocyte B est une famille hétérogène, composée de plusieurs sous populations lymphocytaires susceptibles de produire à des degrés divers des cytokines pro-inflammatoires, pro-fibrosantes ou au contraire régulatrices.

a. Caractérisation phénotypique et fonctionnelle des sous populations lymphocytaires B dans la sclérodermie systémique et de GVH chronique.

L’objectif principal de ce travail est de décrire la répartition des différentes sous populations lymphocytaires B, y compris la population des lymphocytes B régulateurs chez des patients atteints de sclérodermie systémique et de GVH chronique, qui seront caractérisés à la fois sur le plan phénotypique et fonctionnel, c’est-à-dire selon leur capacité à produire ou exprimer les cytokines pro-inflammatoires, pro-fibrosantes ou anti-inflammatoires. L’étude s’appuiera sur une évaluation en cytométrie en flux des lymphocytes B des patients comparés à des sujets témoins, utilisant des marqueurs membranaires permettant de caractériser les différentes sous populations lymphocytaires B. Ceci sera complété par une étude des marqueurs d’activation lymphocytaire B, des marqueurs de homing des lymphocytes B et l’analyse de la production de cytokines pro-inflammatoires, pro-fibrosantes et régulatrices (IL10), ainsi que la capacité des lymphocytes B à réguler les lymphocytes T chez les patients sclérodermiques et ayant une GVH chronique.

b. Caractérisation phénotypique et fonctionnelle des sous populations lymphocytaires B dans des modèles murins de sclérodermie systémique.

La même approche que celle réalisée chez l’homme sera réalisée chez deux modèles de murins de fibrose systémique (modèle HOCl et modèle Bléomycine) où les différentes sous populations lymphocytaires B seront caractérisées par cytométrie en flux, et où sera analysée leur fonction, à la fois en termes de production de cytokines, en termes d’action régulatrice ou stimulatrice sur les lymphocytes T murins, mais également sur les fibroblastes sains et de souris malades.

B. Evaluation des caractéristiques des fonctions auto-anticorps dans la sclérodermie systémique et de la GVH chronique.

La présence d’auto-anticorps au cours de la sclérodermie systémique et de la GVH chronique est un autre argument majeur impliquant l’immunité humorale dans la physiopathologie de ces maladies. Parmi ces anticorps, certains sont caractéristiques du diagnostic de la maladie (comme les anticorps anti-topoisomérases 1 ou les anticorps anti-centromères ou encore les anticorps anti-ARN polymérases de type 3). Le rôle pathogène direct de certains de ces anticorps a été suggéré mais reste débattu et a notamment été évoqué pour les anticorps dirigés contre les cellules endothéliales ou les fibroblastes ou encore les anticorps anti-fibrilline. Dans ce projet, nous allons caractériser les cibles antigéniques reconnus par les patients atteints de sclérodermie systémique et de GVH chronique par une approche d’immunoprotéomiques et nous allons évaluer l’impact des immunoglobulines, des anticorps ayant une cible antigénique bien déterminée sur les cellules cibles de ces pathologies fibrosantes, à savoir le fibroblaste et les cellules endothéliales. Parmi les approches utilisées pour évaluer cette action, une approche en protéomique et en transcriptomique sera privilégiée.

C. Evaluation de l’impact des traitements modulant le système immunitaire dans les modèles murins de sclérodermie systémique et de GVH chronique.

Grâce aux modèles animaux de fibrose, nous testons et évaluerons de nombreuses molécules modulant le système immunitaire afin d’apprécier leur effet sur la fibrose expérimentale et d’en comprendre les mécanismes. Un premier travail sur l’intérêt des immunoglobulines polyvalentes humaines est en cours.